LES ORIGINES DU PEUPLE MAHI DANS L’OUEST DU BENIN

Connaissez-vous l’histoire des expéditions de Danxomè ? Les livres nous l’enseignent et les bouches qualifiées nous en informent. Raconter ces événements en omettant de mentionner le peuple Mahi serait une erreur monumentale que les souverains Houégbadja, Kpingla, Tégbéssou,… ne sauraient pardonner depuis  leur voyage à Allada. C’est toute une relation de chien et chat entre Danxomè et le peuple Mahi. Faisons un détour dans les origines de ce peuple des Collines dont la puissance a longtemps tenu en échec la redoutable armée de Danxomè.

Les Mahi, de petites entités rurales pour une communauté de force.

Au départ, c’était de petites communautés rurales qui ne partageaient pas les mêmes valeurs culturelles. Il s’agit entre autres des régions telles que Djigbé, Agonlin, Gbanlin, Ouassaho, Gédévèdji, Cana et Houawé. Ces populations tirent également leurs origines dans une communauté comprise entre Kétou et l’ouest du fleuve Ouémé. En effet, dans une perspective de force pour contrer l’armée écrasante du royaume d’Abomey, le serpent qui engloutit les autres, ces peuples se sont réunis. Cette unicité ne s’est pas faite d’un seul coup. Sous le règne du roi Houégbadja à Abomey au XVIIe siècle, l’impératif était d’étendre le royaume et de dissoudre ceux environnants. Ainsi, l’armée du royaume d’Abomey se lance dans «  une chasse à l’homme ». Les autres, dans leur fuite, se sont tous retrouvés dans le couloir des collines de Dassa et le fleuve de l’ouémé à l’est.

Ces deux frontières  naturelles ont permis à ces populations de se considérer comme un pays, d’où le concept du « pays des Mahi ». Ainsi, ont commencé par apparaître les concepts comme  Dovi-somè (le pays des Dovi dans les collines), Awaya-so (collines d’Awaya pour signifier un pays), Tchahounka-so, Minifi-so, etc. Il est important de souligner que quelques localités comme Ifita et Igbo-Wèrè verront leurs populations se transformer en Mahi seulement par métissage et intégration. Ce phénomène a donné naissance au toponyme Gbowèlé qui fait aussi partie de ces peuples des collines.

Les peuples des collines, une force de résistance à la jalousie du royaume d’Abomey.

Comme le dit l’adage, « l’union fait la force », l’histoire des Mahi avec le royaume d’Abomey en est une parfaite illustration. L’affirmation de ces royaumes désormais unis faisait objet de convoitise et d’âpres batailles avec le royaume d’Abomey au XVIIe siècle. Ainsi, de Houégbadja à Kpingla en passant par Tégbéssou, ces différents souverains n’ont manqué aucune occasion d’organiser des expéditions dans le pays des Mahi. Mais ces derniers, de par leur union, infligent à l’armée du royaume d’Abomey une défaite cuisante et deviennent des «  lions de la guerre ». Cependant, le nom Mahi est lui-même un toponyme péjoratif que ces populations doivent au royaume d’Abomey. Du Fon « mè é no ma ahi », une expression pour signifier littéralement « ceux-là qui divisent le marché », le mot Mahi confère à ses populations une psychologie extrêmement belliqueuse.

Les victoires Mahi qui tenaient le royaume d’Abomey en humiliation pendant trente ans de démonstration de force ont poussé le roi Tégbéssou à passer à un accord de paix avec le peuple des collines. Cet accord a été renforcé par des relations matrimoniales où le roi Kpingla s’est marié plus tard à une femme mahi qui devient la reine mère du roi Agonglo.

Les Mahi doivent leurs origines aux différentes relations  conflictuelles qu’ils ont tenues avec le royaume d’Abomey. Mais  ces deux populations ont pu briser cette relation de chien et chat qui a longtemps jalonné leur existence commune.